UMBRAIL – LA VOIE SUISSE

L’occupation des frontières suisses entre 1914 et 1918

Suivez les traces des soldats frontaliers suisses. Vous les trouverez sur le chemin menant au Piz Umbrail et plus loin à la Punta di Rims. Le chemin continue ensuite sur le territoire italien et, après un détour par l’un des anciens postes de l’artillerie italienne, vous ramène au col de l’Umbrail.

Dans les environs immédiats du col de l’Umbrail (temps de marche jusqu’à 45 minutes), vous trouverez sur nos panneaux d’information des explications sur les thèmes suivants :

    • Une introduction complète à la situation pendant la Première Guerre mondiale dans la zone frontalière immédiate
    • Le dispositif de protection de la frontière suisse de la Dreisprachenspitze à la Punta di Rims
    • Considérations concernant les tactiques et les techniques de combat du début du XXe siècle
    • Bâtiments d’hébergement et de défense
    • Approvisionnement et logistique des troupes à « Umbrail Mitte ».

Le trajet du Piz Umbrail (3033 m d’altitude) à la Punta di Rims et retour au col offre :

    • un aperçu de l’histoire des événements sur le front de l’Ortler ;
    • une vue d’ensemble de l’occupation de la frontière suisse ;
    • la problématique des violations de frontière et
    • l’importance de l’artillerie italienne dans la guerre en montagne de 1915-1918.

 

Point de départ et d’arrivée : col de l’Umbrail

Durée : 6 heures

Balisage : blanc-vert-rouge

Exigences : bonne condition physique, avoir le pied sûr

ITINÉRAIRE « UMBRAIL »

A : Point de départ avec groupe de statues 1914-2014 – B : Installations logistiques « Umbrail Mitte » – C : Tranchée – D : Poste de sous-officier – E : Cantonnements – F : Bridlerhorst – G : Poste d’observation italien à la frontière suisse – H : Sommet du Piz Umbrail, vue d’ensemble du front de l’Ortler – I : fortifications italiennes avec positions sous roc – K : poste d’officier Punta di Rims – L : surveillance de la frontière vers la Bochetta del Lago et le Passo dei Pastori – M : zone de position d’artillerie italienne Bochetta di Forcola – N : point d’appui italien près de la Quarta Cantoniera – O : poste de sous-officier « Splitterheim ».

UN ITINÉRAIRE DU POINT DE VUE DE L’HISTOIRE MILITAIRE

Une description complémentaire et détaillée de l’itinéraire figure dans le guide de randonnée « Der militärhistorische Wanderweg Stelvio-Umbrail » (Le sentier de randonnée militaire Stelvio-Umbrail) à partir de la page 36. Les explications suivantes mettent en lumière les lieux situés le long du parcours et précisent leur importance historique.

LE POINTE DE DEPART…

Depuis l’été 2014, le nouveau point de départ du sentier de l’Umbrail se trouve à 2500 mètres d’altitude. Conçu à la fois comme monument commémoratif et point d’information, il a été inauguré exactement 100 ans après la mobilisation de l’armée suisse, le 2 août 1914. L’installation a été rénovée durant l’été 2025.

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La place du col de l’Umbrail a été aménagée par l’artiste Duri Fasser, originaire de la vallée de Münster. Sept soldats en uniforme d’époque montent la garde. Ils veillent sur la mémoire des événements qui se sont déroulés dans la région trilingue. Au centre se font face les deux principaux protagonistes suisses de la Première Guerre mondiale, le général Ulrich Wille et son chef d’état-major Theophil Sprecher von Bernegg.

Les 16 panneaux d’information en six langues (allemand, romanche, italien, anglais, français, hongrois) fournissent les informations essentielles. Comme pour tous les panneaux d’information le long des sentiers, leur conception et leur présentation graphique ont été réalisées par David Accola, ancien officier de carrière suisse et initiateur de l’association « VEREIN STELVIO-UMBRAIL ».

 

À l’occasion du centenaire, le groupe de statues a été installé sur le col de l’Umbrail avec l’aide de nombreux bénévoles.

Pass da l’Umbrail – Giogo di Santa Maria – Wormserjoch

Un col avec trois noms ? Rien d’inhabituel à la jonction de trois régions linguistiques et culturelles. Le passage de Santa Maria dans le Val Müstair à Bormio (en allemand : Worms) dans la Valteline était très important pour le commerce médiéval, car ce col situé à 2500 mètres d’altitude constituait la liaison la plus courte entre Venise et Milan dans la région au nord des Alpes. Le sel provenant des mines du Tyrol était transporté vers le sud pour la conservation des aliments, tandis que les tonneaux de vin étaient acheminés vers le nord par le sentier muletier. À l’époque déjà, le transport des marchandises était strictement organisé et réglementé.

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La chaîne logistique allait d’un lieu de transbordement à un autre, où les marchandises étaient entreposées ou transbordées. Les muletiers du Tyrol avaient par exemple le droit exclusif de transporter des marchandises depuis Innsbruck ou Landeck jusqu’au Val Müstair via le col de Reschen. Là, des muletiers locaux prenaient en charge les marchandises et les transportaient par le col jusqu’à Bormio, où elles étaient à nouveau remises à la « société de transport » suivante. Le transbordement des marchandises dans la vallée de Münster avait lieu à Sta. Maria, où les marchandises étaient entreposées dans la Chasa Plaz, dans les locaux de l’actuel « MUSEUM 14/18 ».

De 1512 à 1797, la Valteline faisait partie des baillages des Trois Ligues grisonnes. Chiavenna (Cläven) – Piuro (Plurs) – Sondrio – Tirano et Bormio (Worms) appartenaient alors en quelque sorte à l’actuel canton des Grisons, qui n’est devenu « membre à part entière » de la Confédération suisse qu’en 1803, après avoir été « pays allié ». Pendant 285 ans, le col de l’Umbrail a donc constitué une liaison intracantonale.

 

 

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Les Grisons en tant qu’État libre dans leur extension jusqu’en 1797. Jusqu’à l’époque napoléonienne, les trois districts de la Valteline faisaient partie des baillages des Trois Ligues. Source : Wikipédia, Histoire des Grisons.
 
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L’État libre des Trois Alliances sur une carte contemporaine de Fortunat Sprecher von Bernegg vers 1618. Le futur chef d’état-major général de la Suisse pendant la Première Guerre mondiale était un descendant direct de cette importante famille grisonne. Source : archives familiales Sprecher.
 

Les troubles et les mouvements insurrectionnels du début du XIXe siècle dans le nord de l’Italie, alors sous domination autrichienne, principalement à Milan, ont incité la maison des Habsbourg à envisager la construction d’une route militaire dans cette région. En cas de besoin, les troupes devaient pouvoir se déplacer rapidement vers Milan. La proposition autrichienne d’aménager à ses frais la route muletière qui franchissait le col a été rejetée par la Suisse. Même si le projet était lucratif, la neutralité de la Confédération déclarée lors du Congrès de Vienne en 1815 imposait une réserve. Une route carrossable : oui, volontiers ; une route militaire pour les forces armées étrangères : hors de question ! La conséquence en fut la construction de la route par le col du Stelvio. Vous trouverez de plus amples informations à ce sujet sur la page « Trais Linguas ».

La construction de la route actuelle a commencé en 1898 et, trois ans plus tard, le 19 juillet 1901, la liaison était inaugurée en grande pompe. Au départ, la route n’était accessible qu’aux charrettes, mais peu après, elle a également été ouverte à la circulation motorisée, encore peu développée à l’époque.

Le coût de la construction de la route, longue de 13 390 m, s’éleva à 271 143,00 francs suisses et fut bien sûr, comme c’est souvent le cas dans les projets de construction, plus élevé que prévu initialement. Le prix de l’époque correspond aujourd’hui à environ 3,4 millions de francs suisses.

Pendant la Première Guerre mondiale, cette route servait à ravitailler les soldats stationnés sur l’Umbrail. Elle était fermée à la circulation transfrontalière et, pendant les mois enneigés, les muletiers, désormais militarisés, continuaient à transporter toutes les marchandises nécessaires jusqu’au col.

 

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Jusqu’au tournant du XIXe siècle, le transport à dos d’animal était une source de revenus importante pour la population locale. Avec l’aménagement des chemins muletiers en routes carrossables, son importance a rapidement diminué. Source : Wikipédia/Chemin muletier
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Quelques mètres en contrebas de Plattatschas se trouve une plaque commémorative rappelant la construction de la route Umbrailstrasse de 1889 à 1901, qui fut transformée l’année suivante en voie carrossable charrettes pour rejoindre la route du Stilfserjoch.
 

Biens INDISPENSABLES à l’effort de guerre

Selon des sources fiables, on peut supposer que jusqu’à 600 soldats devaient être ravitaillés au col de l’Umbrail. Cette tâche exigeait un effort logistique considérable dans les positions d’altitude et surtout dans la vallée. L’approvisionnement en denrées alimentaires était le moindre des défis. Le ravitaillement en bois était essentiel pour construire des cantonnements et les chauffer. Les visiteurs attentifs remarqueront le peu de sources d’eau dans la région du col. La plupart d’entre elles se tarissaient pendant les mois d’hiver, de sorte que l’approvisionnement en eau potable n’était possible qu’en faisant fondre la neige. Il fallait donc une quantité supplémentaire de combustible.

Au début du XXe siècle, la limite de la forêt se situait à environ 2000 mètres d’altitude dans cette région. Selon les calculs, le chauffage des cantonnements pendant les quatre années de guerre a nécessité à lui seul le bois d’une superficie forestière équivalente à environ 90 terrains de football. Les arbres étaient abattus, préparés et stockés à proximité de la route du col. Le lieu de transbordement se trouvait entre Plattatschas (aujourd’hui l’auberge « Alpenrose ») et Punt Teal.

Le transport des marchandises jusqu’au col était assuré à l’aide de chevaux. En été, sur des charrettes, et en hiver, sur des traîneaux, des convois de mulets transportaient les marchandises nécessaires jusqu’au col, comme au Moyen Âge. Les écuries des chevaux de trait se trouvaient dans la vallée pour quelques animaux, mais la plupart étaient à l’alpage de Muraunza. Le cours du torrent (Muranzina) permettait d’abreuver régulièrement les chevaux. Les fondations des écuries sont encore visibles aujourd’hui.

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L’approvisionnement en bois de chauffage mobilisait les hommes, les animaux et les ressources forestières. Colonnes de train pour le transport sur le Marangun da la Prasüra. Parc de traîneaux à chevaux de la compagnie IV/93 pendant l’hiver 1915/1916. Source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18
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Colonne de transport à proximité immédiate de l’actuelle auberge Plattatschas, hiver 1915/1916. Source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18
 
L’auberge de l’alpage Muraunza (ici une illustration datant de 1920) était, avec l’hôtel situé au sommet du Dreisprachenspitze, le seul hébergement permanent le long des voies d’approvisionnement. Source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18

Umbrail-Mitte: Plaque tournante et pivot logistique

À quelques mètres avant le col, en venant de Val Müstair, on aperçoit sur la gauche des fondations et des traces de chemins fortifiés. Ceux-ci se trouvent à environ 100 mètres à gauche de la route, juste avant le col, et qui sont impossibles à manquer.

Il s’agit d’un complexe de six bâtiments désignés dans les archives sous le nom d’« Umbrail-Mitte ».

On y trouvait la cuisine centrale, une infirmerie, des entrepôts de matériel, un abri pour quelques chevaux et les logements nécessaires au personnel. La source d’eau rare, la proximité de la route du col et l’emplacement sûr du point de vue militaire dans la contre-pente ont certainement été les raisons qui ont motivé l’installation du centre logistique des soldats de l’Umbrail à cet endroit.

Umbrail-Mitte sur une photo prise par un drone (2013) par le Service archéologique du canton des Grisons. De gauche à droite : écurie, cantonnements « Stafelegg », infirmerie, bâtiment abritant les cuisines. À l’extrême droite de l’image, on aperçoit la source d’eau qui a été déterminante dans le choix de l’emplacement.
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Le « point de transbordement de montagne » Umbrail-Mitte dans les premiers jours de la guerre. Aucune infrastructure n’est encore visible, seule la cabane du berger à gauche de la route est reconnaissable. Source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18
 
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Le bâtiment des cuisines en hiver 1915/1916. Source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18
 

Impressionnant et impossible à manquer : le système de tranchées

Le système de tranchées entre le col et le pied du Piz Umbrail s’étend sur plus d’un kilomètre. Depuis le col, les 400 premiers mètres de cette « ligne sinueuse » sont clairement visibles. Les boyaux de communication et les positions de tir se trouvent à quelques mètres de la frontière proprement dite et sont « interrompus » par de nombreuses sapes. Les sapes sont des renfoncements visibles dans la ligne qui servaient à protéger davantage les soldats.

Le système de tranchées au col de l’Umbrail, photographié par un drone (2013) par le Service archéologique du canton des Grisons. Dans le tiers droit de l’image, on reconnaît les positions défensives situées directement à la frontière, tandis que sur la gauche, dans la contre-pente, on aperçoit les fondations des cabanes et les voies d’accès aux positions.
Les fossés et leur fonction protectrice

La construction d’une tranchée rectiligne était bien sûr beaucoup moins laborieuse que celle d’une variante comprenant des sappes. Mais sa fonction protectrice était considérablement réduite. Si l’ennemi parvenait à pénétrer dans une tranchée rectiligne, tous les défenseurs se trouvaient dans le même champ de tir. L’effet destructeur du feu de l’envahisseur était donc important et les soldats qui se défendaient n’avaient aucune possibilité de se mettre à couvert. Même en cas de tirs indirects d’artillerie ou de grenades à main, il était difficile de se protéger des éclats.

Le système de tranchées serpentant et entrecoupées de sape permettait de minimiser ces risques. Dans zone d’effet des projectiles, il y avait peut-être trois ou quatre soldats et non pas 30 si l’on part du principe que la position était occupée par un effectif équivalent à celui d’une section.

La variante avec sapes était principalement utilisée lorsque des tranchées défensives faisaient partie d’un système de défense global. Leur construction était planifiée à long terme et réalisée de manière optimale sur le plan tactique, c’est-à-dire le long d’une ligne de crête. L’accès se faisait par l’arrière, ce qui évitait de devoir creuser des tranchées supplémentaires. En revanche, les tranchées à caractère offensif et destinées à offrir une protection temporaire étaient rectilignes et peu fortifiées. Elles servaient à protéger ponctuellement de petits détachements et ne faisaient qu’exceptionnellement partie d’un concept global.

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La partie inférieure du système de tranchées telle qu’elle apparaît depuis le col. Au point le plus élevé, on reconnaît les constructions autour du poste de sous-officier n° 7.
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Vue détaillée de la tranchée de combat dans la partie supérieure avec une « marche » bien visible, qui servait de plate-forme de tir.
 
Représentation symbolique des différentes constructions du système de fossés. Croquis : Accola

La position de l’Umbrail comme partie du concept de défense

Pour comprendre l’importance des positions sur le col de l’Umbrail, il faut connaître le concept de défense territoriale à grande échelle du canton des Grisons pendant la Première Guerre mondiale. Celui-ci reposait d’une part sur une hypothèse de menace et d’autre part sur la conviction que le terrain était le meilleur allié du défenseur.

HYPOTHESE CONCERNANT LA MENACE

Theophil Sprecher von Bernegg, alors chef de la division de l’état-major général, évaluait déjà en 1906 la situation européenne pour la Suisse de la manière suivante :

  • une guerre entre la France (Entente) et l’Empire allemand (Triple Alliance avec l’Autriche-Hongrie et l’Italie) est probable ;
  • une guerre entre l’Autriche-Hongrie et l’Italie est envisageable si l’Italie change de « camp » pour rejoindre l’Entente et peut ainsi réaliser ses intérêts territoriaux ;
  • les intérêts territoriaux de l’Italie englobent en principe tous les territoires de langue italienne et ladine, sur la base de l’idée irrédentiste selon laquelle une population de même langue doit appartenir au même État. Il existait également des zones d’intérêt correspondantes en Suisse, principalement le Tessin, mais aussi, bien sûr, les vallées du sud des Grisons et l’Engadine.

Les forces italiennes disposaient de zones de déploiement appropriées pour envahir le canton des Grisons (nous excluons ici délibérément le Tessin) :

  • la région de Chiavenna, avec la possibilité d’avancer directement dans le Val Bregaglia ou d’atteindre le centre des Grisons par le col du Splügen ;
  • la basse Valteline (Sondrio-Tirano) – avec la possibilité de pénétrer dans la Haute-Engadine via Poschiavo et le col de la Bernina ;
  • la haute Valteline (Bormio-Livigno) – avec la possibilité d’atteindre la vallée de Münster et la partie nord du Tyrol du Sud (alors Autriche-Hongrie) via l’Umbrail ou de pénétrer directement à Zernez.

Si l’Engadine était aux mains des envahisseurs italiens, leur intention serait certainement d’occuper les cols alpins à l’intérieur des frontières cantonales des Grisons  (Julier, Albula et Flüela) afin d’assurer la protection nécessaire des flancs.

 

Options d’attaque italiennes pour avancer dans le Trentin et le Tyrol du Sud. Les options qui pouvaient être utilisées en contournant les positions défensives autrichiennes via le territoire suisse sont représentées en rouge. Carte : Accola, publiée dans l’article Fuhrer dans le livre commémoratif Rauchensteiner (Politique et armée aux XIXe et XXe siècles), 2017.
Le concept opératif pour la défense du canton des Grisons

Le concept de von Sprecher était conçu en fonction de cette menace. Les troupes italiennes devaient être interceptées près de la frontière et leur avance retardée de manière à permettre aux contingents suisses de prendre position sur une première ligne de défense. Cette idée s’appliquait aussi bien au niveau du bataillon qu’à celui de la brigade, voire de la division. Si nous appliquons cette intention à la région de la Basse-Engadine et du Val Müstair, nous obtenons la disposition géographique suivante.

Sur le col de l’Umbrail, l’attaquant devait être intercepté pendant plusieurs heures par une compagnie d’avant-garde afin de donner suffisamment de temps à la réserve dans le Val Müstair (une compagnie du bataillon d’avant-garde) pour prendre une deuxième position défensive à la limite de la forêt près de Plan Teal.

Sa mission était de retenir l’ennemi pendant plusieurs jours afin de gagner le temps nécessaire pour que les troupes de la brigade de Samedan puissent prendre position à Ova Spin (sur la route du col de l’Ofen).

Celles-ci avaient pour mission de retarder l’ennemi de plusieurs semaines, afin que les troupes divisionnaires puissent organiser leur défense dans les cols intérieurs des Grisons et y prendre position.

Le terrain accidenté rendait cette intention crédible et les moyens matériels et humains nécessaires à un attaquant étaient énormes, pour ne pas dire excessifs.

 

 

Concept opératif visant à retarder une avancée italienne vers les Grisons. Illustration : Accola, MUSEUM 14/18, exposition temporaire 2014.

La première ligne de défense : le « dispositif UMBRAIL »

Il n’est en réalité pas dans les habitudes des chefs opératifs de définir au niveau tactique comment leurs intentions doivent être mises en œuvre. Mais comme on le sait, l’exception confirme la règle, et c’est ce que nous constatons dans le cas de l’Umbrail. La décision d’engager la compagnie a été prise au plus haut niveau. Le chef d’état-major a ordonné personnellement comment son plan de défense devait être mis en œuvre à ce niveau par chaque officier et soldat. Les sources ne permettent pas d’expliquer pourquoi von Sprecher s’est laissé aller à cette « faute », mais il existe des raisons plausibles pour tenter de la justifier.

  • En tant que Grison, Von Sprecher connaissait la région comme sa poche. Le commandant de brigade Otto Bridler, qui était sous ses ordres, jouissait certes de sa confiance absolue, mais les commandants de corps de troupe chargés de l’intervention ne connaissaient cette région que par ouï-dire, dans le meilleur des cas.
  • Von Sprecher connaissait le règlement du service en campagne, qu’il avait en grande partie rédigé, et savait à quel niveau se situaient les différentes compétences. Sur cette base, il voulait très probablement éviter que la situation ne dégénère à cause de « l’inattention d’un officier à la gâchette facile ». Il fallait à tout prix empêcher que l’Italie et la Suisse ne se retrouvent en état de guerre à cause d’un col inhospitalier et sans grande importance pour la Confédération.
Sprecher
Theophil Sprecher von Bernegg
1850-1927
Chef de la division de l’état-major général (1905-1914) puis chef d’état-major général du 4 août 1914 au 30 juin 1919
Source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18

 

 

Bridler
Otto Bridler
1864 – 1938
Commandant de la brigade de montagne 18
Commandant de la 6e division (1917-1924)
Source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18

 

 

 

L’ordre de von Sprecher du 23 mai 1915, jour de la déclaration de guerre de l’Italie à l’empereur autrichien, était le suivant :

« Avec le déclenchement des hostilités entre l’Autriche et l’Italie, des combats sont à prévoir prochainement au col du Stelvio. Il est donc ordonné ce qui suit :

  1. Les effectifs occupant la vallée de Münster (y compris les unités et les postes avancés à la frontière) doivent être portés à environ 1 bataillon.
  2. Une compagnie doit être envoyée en garnison permanente à la Dreisprachenspitz et sur le versant est du Piz Umbrail (positionnement sur la Punta di Rims). Les deux compagnies s’y installent pour la défense.
  3. La frontière entre la Suisse, l’Autriche et l’Italie doit être fermée par une clôture de fil de fer  et clairement signalée depuis le Rötelspitz jusqu’au Piz Umbrail en passant par le Dreisprachenspitz. »
« Ordre concernant l’occupation de la vallée de Münster» de Theophil von Sprecher, daté du 23 mai 1915. Source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18
Soldats dans le Val Müstair

Le bataillon installa son quartier général à Sta. Maria et occupa plusieurs maisons du village, dont la Chasa Parli, la Chasa Plaz et la « Crusch Alva ».

Deux unités du bataillon restèrent dans la vallée et assurèrent la sécurité à l’Alp Clastra (deux sous-officiers et sept fusiliers) et au poste frontière de Müstair (un officier, trois sous-officiers et 18 fusiliers). Ces deux unités occupaient également les postes de sous-officiers à la maison Plan Teal (restaurant Alpenrose sur l’Umbrailstrasse) et à l’auberge Muraunza. Ces deux derniers postes étaient chargés d’organiser et d’assurer le transport des marchandises nécessaires jusqu’au col et étaient donc renforcés par des cantonniers, des muletiers, des téléphonistes et, bien sûr, de nombreux animaux de bât, charrettes et traîneaux. À vue de nez, 10 à 12 soldats étaient stationnés à chacun de ces deux endroits.

Une autre tâche dans la vallée consistait à protéger les logements et les installations militaires et à faire respecter l’ordre dans le cadre de la marche du service. Cette tâche était assurée par la garde locale.

Les soldats restants, logés dans la vallée, étaient astreints à un entraînement souvent monotone, étaient affectés à la préparation du bois ou aidaient la population locale, en particulier pendant la période des récoltes. On oublie souvent que les hommes de la Val Müstair étaient bien sûr enrôlés dans l’armée, tout comme les chevaux qui, en temps normal, aidaient les paysans dans leur travail.

 

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Une colonne en marche sur le chemin de Sta. Maria vers les positions du col Umbrail. Source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18
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La garde locale sur la place principale de Müstair. Source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18
 
Des soldats occupent la frontière

Sur le col même, deux unités  s’installérent pour assurer la sécurité de la frontière. Le centre du dispositif de protection de la frontière était le col proprement dit.

Un poste d’officiers fut installé sur la Punta di Rims. Il avait pour mission de surveiller la frontière en direction du nord en ce qui concerne les activités italiennes et de rendre compte en particulier des mesures prises dans la position d’artillerie « Bochetta di Forcola » située à proximité.

Un autre poste d’officier  était occupé à la Pointe des Trois-Langues. De plus amples informations sur ce « point névralgique de l’occupation de la frontière » se trouvent dans les explications relatives au tronçon de chemin «Trais Linguas».

La protection de la frontière entre ces deux « piliers angulaires » incombait aux postes de sous-officiers qui étaient installés le long du système de tranchées. Ces postes étaient toujours occupés par un groupe (un sous-officier et huit soldats) et observaient les activités à proximité immédiate de la frontière. Souvent, les Alpinis italiens et les fusiliers suisses ont eu des contacts personnels et ont échangé des souvenirs ou de la nourriture. Il n’y avait aucune trace d’hostilité. La situation ne devenait difficile que lorsque des Italiens tentaient de passer la frontière, non pas avec des intentions hostiles, mais plutôt avec la volonté de quitter le service militaire et d’être internés en Suisse. Le nombre de déserteurs fut considérable et le risque qu’ils prenaient était très grand. S’ils réussissaient à passer la frontière, ils étaient assurés d’être protégés, mais si ce projet échouait, les déserteurs étaient souvent abattus par leurs camarades sur le champ.

 

 

Le dispositif de protection des frontières entre la Punta di Rims et la Pointe des Trois-Langues. Illustration tirée de : Accola/Fuhrer, Stilfserjoch-Umbrail 1914-1918, Documentation, L’histoire militaire à portée de main, Au, 2000.
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Des membres du bataillon de fusiliers 85 glaronais exploitent en été 1916 le poste de sous-officiers n° 2 près de la borne frontière n° 7. Photo : collection Jenny, archives : MUSEUM 14/18.
 

 

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Exercice de combat du bataillon de fusiliers de montagne 76 en été 1917 dans le système de tranchées de l’Umbrail. Image : collection Müller, archives MUSEUM 14/18.
 

Des postes d’officiers et de sous-officiers

Les compagnies d’avant-postes chargées de la protection de la frontière s’organisaient sous forme de différents postes avec les compétences correspondantes. Des postes d’officiers étaient installés à la Punta di Rims et à la Pointe des Trois-Langues. Ces points d’appui disposaient d’une grande autonomie en matière de ravitaillement et leurs chefs – généralement des premiers-lieutenants expérimentés – dirigeaient une cinquantaine d’hommes à ces postes d’altitude. Les compétences des officiers commandant étaient définies dans le règlement du service de campagne de 1914 – notamment leur autorisation d’engager un combat par le feu en cas d’attaque ennemie.

Les postes de sous-officiers étaient généralement occupés par huit hommes sous la direction d’un sergent ou d’un caporal. Leur mission consistait à observer les activités ennemies le long de la frontière et, dans le meilleur des cas, à alerter les renforts à l’arrière. La décision de riposter par le feu à une violation du territoire suisse n’était pas de leur compétence et nécessitait l’accord du commandant d’unité. Celui-ci devait à son tour demander l’accord du bataillon.

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Le poste d’officier à la Dreisprachenspitze, source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18
 
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Le poste de sous-officiers n° 2 près de la borne n° 7 en hiver. Source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18
 

Des toits au-dessus de la tête des soldats de l’Umbrail

La présence durable de troupes dans les positions d’altitude à partir de mai 1915 exigeait des abris solides et adaptés à l’hiver. La protection contre les intempéries était essentielle, le besoin de chaleur était vital. Des quantités de neige allant jusqu’à quatre mètres et des températures allant jusqu’à 40 degrés en dessous de zéro n’étaient pas des phénomènes exceptionnels pendant les longs hivers. En été également, les pluies abondantes, les éclairs et le tonnerre exigeaient des abris secs et protégés du vent.

En août 1914, les soldats de l’Umbrail se sont abrités dans des tranchées de terre sur lesquelles des toiles de tente ont été tendues. Mais il fallait rapidement mettre en place un concept d’hébergement qui permette de rester pendant les mois d’hiver. Il n’y avait que très peu de logements disponibles près de la frontière : au sommet de la Dreisprachspitze se trouvait un hôtel appartenant à des Autrichiens, la 4e Cantoniera (service de voirie au passage de la douane) se trouvait en Italie et était utilisée par la garde des finances. Sur le col d’Umbrail, il n’y avait rien, à l’exception d’une cabane de berger, et l’auberge de Muraunza était petite et avait connu ses meilleurs jours depuis longtemps après le recul du trafic muletier.

Pendant l’hiver 1914/1915, Bridler réduisit la présence à la frontière de telle sorte qu’aucune troupe ne dut être logée à Umbrail. Les routes des cols étaient toutes fermées (fermeture hivernale) et il n’y avait pas (encore) de querelles entre l’Italie et l’Autriche-Hongrie. La déclaration de guerre de l’Italie à l’empereur d’Autriche, le 23 mai 1915, a brusquement changé la donne et la nouvelle situation a nécessité des mesures définies dans l’ordre du chef d’état-major général (voir ci-dessus).

Une intense activité de construction de positions et d’abris s’engagea alors, qui devait durer jusqu’à la fin de la guerre.

 

Vue d’ensemble des cabanes d’hébergement dans la contre-pente sur une Carte postale de campagne de J. Gadient, datée du 9 août 1916. Image : Collection Gustin, Achiv MUSEUM 14/18
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Les membres du bataillon de Landwehr 164 construisent le cantonnement « Stafelegg » sur Umbrail-Mitte. Les contrôles de corps indiquent non seulement l’origine des soldats d’Umbrail, mais aussi le métier qu’ils ont appris. La plupart d’entre eux exerçaient un métier artisanal dans la vie civile, de sorte que leurs compétences pouvaient également être utilisées à des fins militaires. Les spécialistes militaires de la construction, les « sapeurs », s’occupaient principalement de la construction et de l’entretien des routes et des ponts. Image : Collection Gustin, archives MUSEUM 14/18.
 
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Fantassins lors de la construction du système de tranchées  à proximité immédiate du col. Image : collection Gustin, archives MUSEUM 14/18.
 
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La « Alvierhütte » faisait partie des plus grands cantonnements. Le nom, « Alvier » étant un sommet de montagne près de Sargans, laisse supposer que des troupes saint-galloises ont construit cette cabane. Image : collection Gustin, archives MUSEUM 14/18.
Langer Fritz
Le « Lange Fritz » – nommé d’après le commandant de bataillon Major Fritz Baumann. Celui-ci a commandé le bataillon 76 jusqu’à la fin de l’année 1914 et n’a donc pas mené sa troupe sur l’Umbrail. On ignore pourquoi l’honneur de lui attribuer un nom lui a été conféré. Image : collection Gustin, archives MUSEUM 14/18.
 
Situation et noms de toutes les cabanes d’hébergement et de tous les ouvrages de position sur le col Umbrail et la Pointe des Trois Langues. Représentation : Accola

le poste d’observation italien au Piz Umbrail

Cet itinéraire de randonnée intéressant du point de vue de l’histoire militaire quitte le chemin de randonnée officiel à la hauteur du « Bridlerhorst » et monte sur la gauche en passant par des pierriers marqués pour atteindre l’arête sud-est du Piz Umbrail. Ce tracé est également appelé « chemin d’hiver » par les randonneurs à ski, car la traversée du flanc est du Piz Umbrail (chemin d’été) est souvent trop risquée en hiver.

Ce chemin vers le sommet exige d’avoir un bon pied en été. Il est réservé aux alpinistes expérimentés et l’itinéraire est sécurisé par endroits avec des chaînes et des cordes.

A une altitude de 2840 m, nous tombons sur un poste d’observation italien, construit dans une pointe rocheuses dominante. Cette pointe rocheuse se trouve exactement sur la frontière nationale et la question de savoir si cet observatoire se trouve sur le territoire italien ou suisse a longtemps été controversée. Les bases cartographiques les plus récentes situent cependant le point sur le territoire italien, même si ce n’est que de quelques mètres.

 

Aufstieg Zum Piz Umbrail01
L’accès au poste d’observation italien se fait par un pierrier sans chemin. L’itinéraire est toutefois bien balisé
Umbrail 07
L’accès au poste proprement dit a été sécurisé par un pont en bois couvert de manière à éviter tout risque de chute.
 

L’occupation de ce poste d’observation est très mal documentée. Il n’existe aucun document dans les archives italiennes qui donne des informations à ce sujet. Nous savons cependant, d’après les représentations du service de renseignement suisse, que le poste était exploité à partir de la position de flanquement italienne sur la Punta di Rims. L’accès se faisait le long d’une trace de sentier aujourd’hui introuvable, le long du pied de la paroi sud du Piz Umbrail. Le fait qu’aucune autre infrastructure ne se trouve à proximité immédiate du poste permet de conclure que cet endroit n’était utilisé que sporadiquement comme site d’observation.
La ligne téléphonique qui y mène depuis la III Cantoniera permet toutefois de conclure que ce poste d’observation était d’une grande importance dans le cadre de la défense contre une attaque autrichienne pour la direction des feux de l’artillerie.

La vue depuis la fenêtre creusée dans le rocher du poste d’observation. Lorsque la visibilité était bonne, il était possible pour les Italiens de constater les activités des soldats suisses dans la contre-pente et de reconnaître en même temps les mouvements à l’avant du Stelvio.

Le front de l’Ortler

Au sommet du Piz Umbrail (3034 m d’altitude), le panorama impressionnant en direction du sud donne un aperçu du tracé du front de l’époque le long de l’horizon.

 

Les positions reconnaissables depuis le sommet du Piz Umbrail le long du front de l’Ortles : sur le croquis ci-dessous, les positions italiennes sont représentées par des étoiles, celles de l’Autriche-Hongrie par des points noirs.
Esquisse du Panorama  des sommets depuis le Piz Umbrail vers le sud ; représentation : Accola

Du Piz Umbrail à la Punta di Rims

Un grand nombre de randonneurs quittent le sommet en direction du nord-est pour redescendre dans la vallée via le Lai da Rims. Même si ce joyau du Val Müstair doit absolument être visité une fois – l’itinéraire historique militaire suit l’arête frontalière du sommet en direction du sud-est.

 

Spi Vom Piz Umbrail03
La frontière longe l’arête, le Spi da Rims. Le tracé du sentier suit généralement le flanc nord, quelques mètres en dessous de l’arête.
CH Unterkunft Mit Lai Da Rims
La vue plongeante sur le Lai da Rims, 500 mètres plus bas, nous accompagne le long du Spi da Rims.
 

la position de flanc italienne

Au point le plus bas de l’arête, peu avant sa nouvelle montée vers la Punta di Rims, une trace de sentier quitte l’arête en direction du sud. Cette trace de sentier longe exactement un ancien obstacle en fil de fer barbelés que les Italiens avaient érigé pour protéger les flancs de leur position d’artillerie située derrière. Dans la contre-pente, on trouve les fondations d’anciens cantonnements et dans la tour rocheuse qui se trouve devant nous, on reconnaît les ouvertures creusées dans le rocher des postes d’observation.

 

Flankenstellung01
La position de flanquement avec le tracé de l’obstacle de barbelés bien visible.
Flankenstellung Von Der Punta01
La position de flanquement vue depuis la Punta di Rims. Bien visible : la fortification dans la contre-pente.
 

Le poste d’officiers sur la Punta di Rims

La vue vers le sud-est depuis le sommet de la pyramide d’éboulis de la Punta di Rims, haute de 2945 mètres, clarifie la question de savoir pourquoi la Suisse exploitait ici un poste d’officiers isolé. A ses pieds se trouve la position d’artillerie italienne « Bochetta di Forcola ». L’accès à ce poste se faisait par le chemin parcouru jusqu’à présent. Chaque morceau de bois de chauffage et de construction devait être transporté à pied jusqu’ici. Les bêtes de somme ne pouvaient être utilisés que jusqu’au pied de la paroi du Piz Umbrail (hauteur du refuge Bridler). L’eau était une denrée rare, surtout en été, et les pluies étaient donc les bienvenues. Il n’est pas documenté sous quelle forme la source proche, située sur le sol italien, a été utilisée. On peut toutefois supposer que les échanges de marchandises entre les Italiens et les Suisses au sommet comprenaient parfois des tonneaux d’eau potable.

Maçonnerie restante des cantonnements italiens sur la Punta di Rims. Prise de vue à partir de la borne n° 12. On reconnaît la suite de la frontière le long de la crête et, à son point le plus bas, la « Bochetta del Lago », qui était surveillée par des patrouilles du détachement occupant le sommet.
Grenzgrat Mit Stein Und CH Unterkunft
L’arête frontalière avec la borne correspondante avec les cantonnements suisses.
CH Unterkunft Mit Gipfel
Vue depuis les cantonnements suisses vers le sommet de la Punta di Rims.
 

Le poste d’artillerie « Bochetta di Forcola »

Les canons sous roc le long de la crête entre la Punta di Rims et le passage situé environ 300 mètres plus bas appartenaient au groupe de canons Forcola. D’autres pièces se trouvaient sur le Monte Braulio et le Corne di Radisca. Les pièces et les munitions étaient acheminées de la Valle di Fraéle vers ces positions sur les hauts par des accès carrossables permanents, qui sont encore en bon état aujourd’hui.

 

Art Stellungsraum Von Der Punta
Vue sur la zone de position dans la descente de la Punta di Rims. Le bâtiment fixe a été construit comme caserne pour la garnison.
Geschuetzkaverne Schiessscharte03
Vue d’une caverne pour pièce d’artillerie sur la Naglerspitze occupée par les Autrichiens.
 
Laufgraben Betoniert
La tranchée d’infanterie construite pour protéger la position d’artillerie avec une solide couverture en béton.
Geschuetzstellungen Offen
Outre les positions de tir sous roc pour les pièces d’artillerie il y avait aussi des positions à ciel ouvert.. L’œil averti reconnaît d’emblée leurs plateformes.
 
Secteurs de feu de l’artillerie engagée. La présentation n’est pas exhaustive. Les pièces d’artillerie de la région de Forcola pouvaient certes agir jusqu’à Trafoi, mais uniquement en acceptant une violation de la frontière suisse. Illustration tirée de : Accola/Fuhrer, Stilfserjoch-Umbrail 1914-1918, Documentation, L’histoire militaire à portée de main, Au, 2000.

 

De la « Bochetta di Forcola » à la IV Cantoniera

La descente s’effectue pendant un court moment en pente raide en direction de la Valle del Braulio. En contournant par le sud la position de flanquement décrite précédemment, le sentier passe bientôt le Rio del Gesso (ruisseau de gypse) et le Baitello del Cögno (étable à bétail). En restant à la même altitude, nous atteignons après 1,5 km la route de l’Umbrail près du poste frontière italien.

 

La base italienne de la IV Cantoniera et le « splitterheim ».

Pour l’entretien de la route du Stelvio, des bâtiments pour les cantonniers – en italien Cantoniere (au pluriel) – ont été mis en place dès sa construction. Le long du trajet de Bormio jusqu’au sommet du col, il y en avait quatre, désignés par des numéros correspondants. Au passage de la frontière avec la Suisse se trouvait la quatrième, la Quarta Cantoniera. En temps de paix, c’est dans cette Cantoniera que se déroulait l’ensemble du contrôle douanier – au début du 20e siècle, les contrôles d’identité n’existaient pas encore dans toute l’Europe – qui qui portait sur le trafic transfrontalier de marchandises qui seul rapportait de l’argent.

Lorsque la guerre a éclaté, cette Cantoniera a été transformée en point d’appui militaire protégé par des obstacles en fil de fer barbelés, des tranchées et des positions d’armes. Le tracé de ces fortifications est encore bien reconnaissable aujourd’hui. De même, les cratères d’obus visibles témoignent du bombardement autrichien de ce point d’appui.

Toutefois, les tirs d’artillerie sur ce bâtiment situé à proximité immédiate de la frontière suisse étaient liés au risque de violation de la neutralité, de sorte que le nombre d’attaques correspondantes restait limité. Mais elles ont certainement fait forte impression sur les soldats suisses. Le poste de sous-officiers situé à proximité immédiate a été surnommé « Splitterheim » (« l’abri aux éclats ») dans le jargon des soldats – un signe infaillible que l’air y était plus souvent « chargé de plomb » qu’ailleurs sur l’Umbrail.

Cantoniera 2
La situation frontalière à la IV Cantoniera et l’emplacement du poste de sous-officiers « Splitterheim ». Représentation : Accola
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Les fortifications autour de la Cantoniera. Au premier plan, le chemin menant à la Pointe des Trois Langues, le long duquel se trouve le « Splitterheim ». Source : Archives fédérales, fonds E 27, archives : MUSEUM 14/18
 
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